L'hébreu : entre tradition et modernité

Langue rituelle de la religion juive vieille de plusieurs milliers d’années, ou langue natale de plus de 8 millions de personne dans le monde actuel, l’Hébreu est une langue riche qui évolue avec le temps.

Par la rédaction

Une longue évolution historique

L'hébreu a longtemps été cantonné à un usage religieux. Son alphabet issu lui-même de l'écriture phénicienne, qui se diversifia au-delà de la sphère des langues sémitiques (avec l'écriture du grec par exemple), a commencé à être utilisé vers l'an mille avant J.-C., comme l'atteste une découverte d'inscriptions sur le site de Khirbet Qeiyafa. L'hébreu est donc avant tout la langue de la Bible hébraïque et de la première partie du Talmud, la Mishna. Les usages des langues parlées étant différents, notamment avec l'emploi de l'araméen et du grec, principales langues écrites et véhiculaires du Proche-Orient jusqu'à la conquête arabe. La place de l'araméen est centrale dans la constitution du lexique hébreu car de nombreux mots en sont issus. De plus la Gémara est elle-même écrite en araméen. Ainsi un bon talmudiste se doit de connaitre l'hébreu (pour lequel on trouve un excellent Dictionnaire Français Hébreu / Hébreu Français ) et l'araméen.

Le lexique restreint (8000 mots) et spécialisé de la Bible ne permettant pas l'utilisation de l'hébreu comme langue vivante, il s'est fait très tôt ressentir le besoin d'ouvrir le lexique à des termes issus d'autres langues en plus de l'araméen. Ainsi des mots grecs, latins et persans ont été intégrés dans le vocabulaire. Une première période correspondant à la rédaction de la Mishna a donc vu l'émergence d'un hébreu mishnique, puis la langue a poursuivi son évolution avec l'émergence de l'hébreu médiéval.

L'hébreu moderne

Bien qu'ayant évolué et s'étant enrichi en vocabulaire, l'hébreu était surtout utilisé pour des écrits religieux et de la correspondance spécialisée entre rabbins. L'usage moderne n'a véritablement débuté qu'à la fin du XVIIIème siècle avec le mouvement philosophique de la Haskalah, inspiré par le siècle des Lumières. Ce mouvement s'inscrit dans l'Empire austro-hongrois puis dans l'Empire russe avec le développement d'une presse vivace, qui a innové une fois de plus dans l'inclusion lexicale en enrichissant l'hébreu de termes contemporains. Un homme marqua particulièrement ce renouveau de l'hébreu : Eliézer Ben Yehouda. Il accomplit un vaste travail de compilation et de création lexicale qui l'amena à envisager l'édition du Thésaurus de la langue hébraïque ancienne et moderne, qui ne fut achevé qu'en 1959, 37 ans après sa disparition en 1922.

Le mouvement sioniste popularisa l'usage de l'hébreu moderne, d'abord une des langues officielles de la Palestine mandataire, puis d'Israël (avec l'arabe) après sa création. Actuellement c'est l'Académie de la langue hébraïque qui est en charge de l'établissement de la norme de la langue, avec cependant un suivi inégal de ses préconisations. Certains haredim ont toutefois toujours refusé l'usage de l'hébreu pour un usage or du contexte religieux, et préfèrent conserver la pratique du yiddish.